mardi 23 mars 2010

Le Défi. 1/4

Puis dans un éclair, il tire le mobile de sa poche et compose le numéro :
-Commissariat de police j’écoute, répond une voix dénuée d’émotion après une courte attente.
-Al... Allo Monsieur s’il vous plaît ; venez vite au trois rue du Chemin Vert, je crois qu’il y a un cambriolage. Dépêchez-vous
-Il va me falloir votre n...
-Venez vite s’il vous plaît ! Clic. Il raccroche et se précipite sur la porte de la maison. Tambourinant dessus, il appelle à l’aide. Rapidement, elle s’ouvre et une femme apparaît dans l’encadrement. D’un geste violent, il la repousse à l'intérieur et referme vivement derrière lui.
-Tu sais ce que c’est ? Chuchote-t-il à l’intention de la femme qui se tient contre un mur de l'entrée tandis qu’il lui montre...
-Un pistolet.
-Voilà, une arme de petit calibre, automatique. Je l’ai achetée hier, alors que je venais tout juste de recevoir mon permis. C'est un outil, que je. Que je qualifierais de simple et extrêmement discret. Dans un sac, même un sac à main comme celui qui est posé là-bas... C’est le tiens ? Soudain, la scène se fige durant quelques secondes. Ni lui ni elle ne bouge, silence. Oppressant...
-Oui, répond-t-elle enfin froidement.
-Et bien, même dans un sac-à-main comme le tiens, on pourrait le ranger pour le transporter sans encombre. Pour autant tu sais... Comment t’appelles-tu ?
-Qu’est-ce que vous voulez, à la fin, interroge-t-elle rageusement en s’avançant sur lui.
-Quoi? Mais Comment ça ce que. Ce que, la vache pourvu que je trouve la force de ne pas la tuer... C'que j'veux?! Ton nom bordel ! Donnes-moi ton putain de prénom ! Hurle-t-il pointant le canon vers le front de la femme.
-Jasmine, répond-t-elle les dents serrées. Ses jambes se mettent à trembler, elle recule de nouveau vers le mur.
-Alors tu sais Jasmine... Qu’est-ce que je disais déjà... Il souffle un peu. Le ton redescend vers le serein, il réfléchit une seconde et reprend.
Ah oui ! Oui oui, tu sais, c’est petit mais c’est assez puissant pour briser une épaule ou exploser ton crâne. Je sais ce que je dis, je travaille en chir. Enfin, c’est pas très important tout ça, tu crois pas? Une bourrasque de vent fait claquer une porte dans la maison.
Je voulais te demander quelque chose, Jasmine. Où son tes bijoux. Et j’veux pas voir ta camelote, hein. Il caresse le métal gris du canon pointé vers le sol.
-Je n’ai pas de bijoux. Rien de grande valeur je veux dire.
-Tu mens. Tu mens, je le sais. Tu mens petite pute, tu veux faire la conne avec moi. Il lève son poignée gauche et regarde sa montre. S’avançant vers elle, il attrape ses longs cheveux roux.
Nous parlons depuis très exactement cinquante-quatre secondes et le temps de te raconter ça, le temps file encore. Du temps, j’en ai mais plus beaucoup. Où. Sont. Tes. Bijoux !
-Je vais appeler la police enfoiré ! Je vais l’app… Prenant appui contre le mur, elle le repousse de toutes ses forces. Prit de court, il chancèle en arrière et lâche ses cheveux, mais dans un même geste de bascule, il remonte son bras et envoie percuter le canon de l’arme contre le menton de la femme. En même temps qu’elle se mord la langue, l’arrière de son crâne cogne contre le mur et le sang commence à couler du bas de son visage.
-Recommences. Recommences pour voir. Je t’assure que si tu me fais un coup de ce genre, encore une fois et une seule, je te casse tous les doigts de la main gauche. En guise de préliminaire.
Mais, j’admets que nous sommes peut-être partis du mauvais pied. Veux-tu qu’on fasse la paix, un peu ? Le silence pesant reparaît. Puis, d’un ton plus brutal, moins enjoleur.
La veux-tu, cette paix ? Je suis pressé, réponds.
-Je vais vous montrer où son les bijoux et vous partirez ensuite, lui dit-elle sèchement.
-Evidemment. C’est plus sage pour nous deux. Et bien alors, je te suis. » Lui emboîtant le pas, ils traversent une petite pièce avant de monter des escaliers et d’aboutir dans un large couloir.
« -C’est tellement propre chez toi... La moindre tâche en apparaissant doit être aussi visible qu'une cible, non ?
-C’est cette porte...
-Comme elle est blanche, pense-t-il à haute voix d’un ton faussement songeur.
-Mon mari est dans la chambre, dit-elle doucement. S’il se réveille, il vous tuera.
-Je ne crois pas, non. Appuis donc sur cette poignée et rentrons. Elle s’exécute et se dirige en direction d’un petit meuble en bois. Du tiroir, elle extirpe une boîte de velours rouge.
Ton mari est-il dissimulé sous les couvertures ? Il tape sur le lit. Il y a quelqu’un là-dedans ? Répondez, allez, ne soyez pas chien ! Personne, vraiment ?! Bon, bon... Tu m’as mentis, Jasmine. Peut-être ne t’appelles-tu pas Jasmine, d’ailleurs. Qu’importe, donnes-moi cette boîte. Oh non, mieux encore, ouvres là et retourne le contenu sur le lit. La femme hésite.
Grouilles-toi putain !
-C’est à moi, c’est à moi... Sanglote-t-elle subitement.
-Très bien, très bien. Doucement, ça va aller maintenant. Il s’approche d’elle et tend le bras jusqu’à ce que la gueule de l’arme lui touche la tempe.
Cinq... Quatre... Lentement, son index vient affleurer la gâchette du petit pistolet. Trois...
-Merde, chouine-t-elle avant d’ouvrir la boîte et de la renverser sur le dessus de lit.
-Tu vois, quand tu y mets du tiens, jubile-t-il. Joignant ses mains pour tout regrouper en un tas, l’homme fourre dans son sac à dos, le contenu des parures. En bas, une sirène, un crissement de pneus, des portes qui claquent en se refermant...
Là, tu es idiote. Tu es vraiment idiote.
-Je vous jure, je n’ai pas appelée la police, comment j’aurais pu f...
-Tu te tais ! C’est moi qui leur ai dit de venir. Mais c’est toi qui m’a fait perdre un temps précieux, je vais devoir te tuer maintenant. A moins que... Il s’interrompt pour réfléchir. En bas, un agent frappe à la porte.
Bon, tu es idiote, mais disons que tu es gentille, tu veux ?
-Oui... Sa voix tremble à présent'
-Oui. Bien. Je n’aime pas perdre.
-Perdre ? Se hasarde-t-elle à demander. Il jète un œil furtif à sa montre.
-Silence et écoutes. Tu vas descendre. Tu vas leur montrer ce que l’on t’a volé autrement dit les distraire. Débrouilles-toi pour que ce soit convaincant. Le malfaiteur, il est parti et c’est bien dommage, que tu diras. Si en effet j’ai l’occasion de filer, je ne m’en priverai pas, dans l’autre cas, je resterai sagement planqué. C’est clair ?
-Oui... En bas, l’agent frappe une seconde fois, de façon plus appuyée.
-Sois raisonnable et pas de bêtises. Crois-moi, je n’aimerais pas un bain de sang. La femme se détourne et sort de la chambre.
-J’arrive ! Crie-t-elle aux escaliers.

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